Sens de la souffrance
Françoise Bihin - article paru sur son blog (fbihin.blog)
La souffrance vient à notre rencontre, de différents côtés, inévitablement. Et il y a tellement de manières de souffrir… Par la maladie, toutes les sortes de douleurs physiques, les séparations, les conflits, les déséquilibres psychiques. Faut-il chercher à l’éviter, la fuir ? Tenter d’en déraciner la cause ?
Certains courants ascétiques recherchent la souffrance comme un but en soi, jusqu’à y trouver une forme de jouissance qui se rapproche de perversions maladives.
Il existe une troisième voie. Non pas la rechercher pour elle-même ni chercher à la fuir, mais l’accueillir dans un certain esprit. Car il est possible d’y trouver un sens, de la recevoir et de la vivre comme une part du mystère du monde, de pressentir qu’elle permet d’engendrer l’humain.
La Passion de Jésus Christ – Force de rédemption pour les hommes
C'était le titre d'une conférence donnée par Friedrich Benesch (Freiburg, 21 mars 1976) offrant une réflexion sur ces questions. Traduite en français, elle est suivie de quelques citations qui permettent d’ouvrir des perspectives dans cette direction.
Conférence de F. Benesch :
« Il y a bien des siècles déjà, survint dans l’humanité un grand messager de la souffrance. L’annonce du grand Bouddha apparaît, lumineuse : « La vieillesse est souffrance – la maladie, la séparation, la mort sont souffrance ; être séparé de ce qui nous attire est souffrance – être lié avec ce que nous rejetons est souffrance ». Bouddha trouve l’origine de la souffrance dans la soif d’exister, car lorsque celle-ci s’éteint, la souffrance cesse également. Quelle est l’issue de cette voie ? Car elle signifierait : s’éloigner de la terre.
Quelle est la nature de ces souffrances qui apparaissent sous la forme de douleurs corporelles ? Ces douleurs étranges, purement physiques, qui donnent l’impression d’être perforé, piqué, brûlé ou rongé ? Où plongeons-nous alors, qu’est-ce donc pour un monde ? Ou alors, regardons la douleur psychique, la souffrance psychique : l’affliction, le souci, la dépression, la privation, etc. Et finalement, la souffrance spirituelle.»