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Le temps de Noël        

Cheminer avec le don de Noël et découvrir le mystère de la volonté

Marie-Pierrette Robert - Article paru dans Perspectives chrétiennes - Noël 2012

Noël est la fête de l’enfance de l’âme, là où une naissance advient dans le secret de tout notre être : dans notre conscience, dans notre cœur, et aussi dans notre volonté. Le divin vient avec son devenir, son « enfance » en nous. Ce qui se passe, et comment cela nous arrive, nous n’en savons rien, au fond. Mais nous pressentons que quelque chose se passe, que ces douze jours saints sont tissés, pénétrés d’une ambiance particulière. Nous sommes comme entre ciel et terre, pour peu que nous puissions envelopper ces jours saints de Noël de calme et de recueillement.

Car c’est bien cela l’essence même de Noël : l’être divin de lumière déverse ses forces aimantes dans les cœurs d’hommes qui l’espèrent et l’attendent. L’accueillir signifie être dans une attitude d’émerveillement, d’ouverture des forces profondes, de prière. Ce lieu est sacré. « Priez en tout temps », dit l’évangile lu dans le temps de l’avent, « afin de vous tenir debout devant le Fils de l’homme ». Rester éveillé devant l’événement de Noël et le don qui y est fait pour l’homme est quasiment impossible en dehors de l’activité de la prière. Les images de la Nativité peintes à travers les siècles, et les crèches que nous préparons dans nos maisons, ne sont faites que de personnages en prière. Les personnages sont éveillés, émerveillés, dans une posture qui s’étire dans le temps et est l’expression d’un calme où sont actives l’adoration, la vénération, la prière.

Apparaît peu à peu à notre conscience que de là naît une volonté nouvelle : une fois passée cette période sacrée de Noël, nous pourrons, si nous le voulons, emporter ce que notre âme a vécu dans nos actes de toute l’année qui se déploiera jusqu’au Noël de l’année suivante.

« Et paix sur la terre aux hommes de volonté du Bien en eux ».

Telle pourrait être la traduction de ce message des anges à Noël. La pure volonté du Bien en l’homme est ce qui peut commencer à être mû d’un frémissement nouveau, une fois touchée par la grâce du mystère de Noël.

L’Enfant-Dieu, couché dans la crèche, est comme posé en un cercueil ; ses langes sont comme les bandelettes d’un suaire. Naissance et mort se touchent en l’événement de Sa naissance en nous. Noël annonce le vendredi saint et Pâques.

Les paroles suivantes peuvent nous accompagner lorsque vient le temps de Noël, où le don de lumière divine suscite en l’âme forces nouvelles de conscience, de cœur et de vouloir. D’année en année, Noël vient ainsi féconder l’âme humaine jusqu’à l’accomplissement du grand passage du seuil, jusqu’à la naissance à la vie en dehors du corps.

Nous apprenons, de Noël en Noël, à cheminer avec le don de Son enfance en nous et de ce qu’elle peut transformer en notre être jusque dans la sphère de la volonté afin qu’elle devienne « bonne ».

Toi qui illumines de part en part tout l’univers
Pénètre-moi aussi de ta lumière.
Ôte de mes yeux le bandeau
Afin que je voie le vrai soleil.
Certes il m’est encore caché,
Mais dans un océan de lumière d’or
Il répand sa lueur dans mon être intérieur.
Laisse-moi le contempler
Dans l’image de la vérité et de la clarté toute pure.
Et laisse-moi dans sa lumière reconnaître
Les tâches qui sont les miennes.
Et puis, une fois le voyage achevé
Laisse-moi venir au lieu sacré.
Toi qui es le consolateur de l’univers,
Donne-moi la force d’y accéder, véritablement.
Toi, amour divin,
Prends-moi dans les intentions qui sont les tiennes
Et garde pur l’éternel rayon
D’un vouloir tout tissé de pureté.

Texte attribué par erreur à Rudolf Steiner *  

 

* Traduit du sanskrit en allemand dans Praktische Theosophie, éditions Theodor Grieben Verlag, Leipzig, 1897.
(Traduit de l’allemand par Marie-Pierrette Robert.)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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