­

D’où vient la vraie lumière ?        

Françoise Bihin - Prêtre en Suisse 

Avant l’utilisation de l’électricité, la nuit était généralement très obscure. Elle pouvait être éclairée par les étoiles et la lune. De même que le soleil, ces astres étaient considérés comme des messagers divins.

Quand ils étaient cachés par les nuages, pour le voyageur perdu dans la nuit, l’obscurité était totale. Elle était vécue comme une réelle menace : d’où vient ce grognement, ce hululement ? Quel être se tient là, tapi dans l’ombre ? Alors, la moindre petite lueur, même lointaine, était un espoir, car elle était le signe d’une présence humaine. Peut-être se trouverait-il là une possibilité d’être accueilli pour la nuit, de se réchauffer auprès d’un foyer chaleureux ? Autrefois, si elle ne provenait pas des astres, aussi vacillante soit-elle, la lumière était le signe d’une présence humaine.

Cette scène de l’adoration des Bergers peinte par Rembrandt est baignée dans l’obscurité. Une lanterne éclaire la scène, mais sa clarté est faible, comme l’était alors celle des lanternes. Sur ce tableau, en fait, la lumière vient de l’enfant. Il est tout lumineux, d’une clarté à la fois vive et douce. C’est lui qui éclaire l’ensemble de la scène en lui donnant son centre. Le peintre a exprimé ainsi l’intuition que la véritable lumière vient de l’Humain.

N’associons-nous pas une idée évidente à une expérience de « lumière » ? L’énoncé clair d’une idée scientifique nous fait dire « c’est lumineux ! » D’une personne qui, envers et contre tout, reste fidèle à sa conscience, n’émane-t-il pas quelque chose de lumineux ? Ne ressentons-nous pas en nous une chaleur lumineuse en présence d’une personne que nous aimons ? À l’opposé, la peur, la lâcheté, le mensonge, la confusion de pensée donnent un vécu intérieur d’obscurité. 

Ce qui est véritablement « humain » au sens positif, au sens le plus haut, est chaleureux et lumineux. Cette lumière, cette chaleur sont purement intérieures, elles sont spirituelles. À un certain niveau, nous sommes tous clairvoyants, car nous percevons très réellement la lumière et la chaleur spirituelles, en lien avec la vérité, le courage, l’amour, la justice et la liberté. 

Actuellement, les nuits de nos villes et campagnes sont inondées de lumières électriques, en particulier durant le temps de Noël. Au point que nous ne voyons plus que faiblement les étoiles et la lune. Peut-être que ces signes extérieurs du Divin doivent effectivement laisser la place à l’Humain pour éclairer le monde ? Pour qu’il saisisse sa responsabilité, celle de laisser rayonner la vraie lumière dans le monde, à partir de ce qui émane du plus profond de lui-même ?

Si nous laissons la peur, le mensonge, la lâcheté dominer, la Terre sera bientôt enserrée dans une obscurité de l’âme, bien pire que celle des nuits d’antan. La véritable lumière est spirituelle, elle vient du cœur de l’Humain. Nous portons la responsabilité de la faire rayonner en nous et autour de nous, chacun à notre niveau, par nos pensées, nos paroles et nos actes. Sous cet angle, le message de Noël n’a rien de sentimental, il est un appel à saisir pleinement notre responsabilité : faire rayonner dans le monde la lumière de l’Esprit, réaliser toujours plus l’idéal humain représenté par le Christ. 

Article publié sur le blog de l'auteur : fbihin.blog



 

 

 

 

 

 

 

­